Le buisson de ronces
Un îlot de vie qui va mettre du piquant sur vos terres !
Cette fiche vous propose d’aider des espèces menacées, d’accueillir des dizaines d’oiseaux migrateurs et hivernants, d’héberger de nombreux auxiliaires des cultures et de bénéficier, en prime, de fabuleux desserts, le tout sans dépenser le moindre sou !
Une « mesurette » miracle
Conserver ou laisser s’installer quelques ronciers dans un recoin non utilisé de l’exploitation peut radicalement en modifier l’attractivité pour la faune, notamment dans les zones les plus ouvertes. Cette plante joue en effet un rôle capital, notamment pour les oiseaux, à qui elle offre ses baies, pour que les graines soient disséminées, et dont les épines, orientées vers le bas, repoussent les prédateurs terrestres. Il en existe plus de 100 espèces en France !
Un écorcheur à la croisée des chemins
Le roncier serait-il le refuge d’égorgeurs sanguinaires ? Oui, mais pour les insectes ! La Pie-grièche écorcheur est un oiseau migrateur qui confectionne un garde-manger pour les jours de disette en épinglant ses proies sur des épines de ronces ou d’aubépines. En déclin en France, faute de trouver le gîte et le couvert, elle a trois exigences pour s’installer :
1) un roncier pour faire son nid dans les entrelacs d’épines et pour se poster à l’affût ;
2) des espaces ras ou dégagés pour capturer ses proies ;
3) des zones herbeuses plus hautes servant de refuge à de nombreux insectes.
Festin de fauvettes
Les mûres sont par ailleurs vitales pour de nombreux oiseaux migrateurs. Les fauvettes qui fuient le nord-est de l’Europe pour passer l’hiver dans des contrées plus clémentes s’en nourrissent quasi exclusivement durant leurs étapes migratoires.
Productive, la ronce permet aussi de faire tartes, confitures, gelées et sirops, histoire de confirmer que la préservation de la nature, c’est aussi bon pour l’estomac.
Un ou plusieurs ronciers chez moi ! Mais vous êtes sûr ?
Quoi ? Un buisson de ronces de quelques mètres carrés suffit !
Où ? Où vous voulez ! Dans un coin inutilisé de vos parcelles, autour de vos champs, de vos cultures, dans vos prairies…
Combien ? Comme vous voulez ! Si vous avez besoin de les contenir, contenez-les mais surtout gardez-les ! Ces îlots où les animaux se réfugient, se reproduisent, se cachent sont de véritables îlots de vie. Plus vous en aurez de répartis sur vos terres, plus la nature pourra s’y développer et elle vous le rendra en y hébergeant proies, prédateurs, sans oublier des auxiliaires de vos cultures.
Un pâtre qui a perdu ses moutons
Le Tarier pâtre est un autre passereau qui s’accommode de peu. Sa présence est conditionnée par la présence de quelques ronciers. Un seul buisson peut suffire à le fixer sur un petit territoire. On peut l’aider en plantant quelques branches mortes à proximité qui lui serviront de perchoir pour chasser les insectes.
Les fauvettes pitchou s’associent souvent avec les tariers pâtres. Nichant au cœur de la végétation dense (broussailles, buissons, ronciers), elles ont un champ de vision limité. Le tarier sert alors de guetteur.
Les épines ne piquent que ceux qui s’y frottent !
Outre les oiseaux, les ronciers constituent un refuge pour de très nombreuses espèces en déclin. Un grand nombre d’animaux y fait son nid et y élève ses petits, comme le hérisson par exemple, grand prédateur de limaces. Le Muscardin, petit mammifère de la famille des loirs, y tisse son nid en boule. Il n’en sort quasiment jamais et s’y nourrit de petits insectes et de baies.
Quant à la couleuvre verte et jaune par exemple, on l’observe fréquemment dans les ronciers où elle est à l’abri des prédateurs aériens. Elle peut se trouver dans l’eau, dans la végétation dense, dans les murs de pierres ou encore dans les buissons sur lesquels elle grimpe. Elle se nourrit d’autres serpents, de lézards, de batraciens, d’oiseaux et de petits mammifères (souris, campagnols). Elle s’expose toutefois rarement à découvert et préfère les ourlets herbacés situés au pied des haies et des lisières à condition qu’ils bénéficient d’une bonne exposition tout au long de la matinée.
Pour aller plus loin :
Guide technique ” Favoriser la biodiversité dans ses vignes” – LPO Pays de Loire
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