La mare

Je peux vous servir un peu d’eau ?

Les mares (et les milieux humides en général) sont des foyers de vie qui permettent le développement non seulement de tout un cortège de plantes mais également d’une multitude d’animaux. Tous les êtres vivants ont besoin d’eau ! Soit juste pour boire, se toiletter, soit pour se reproduire, pour y vivre toute l’année ou seulement une partie !

Les abeilles aussi ont soif

Quand on parle d’abeilles on parle souvent des fleurs qu’elles butinent, mais on oublie souvent de parler de leur besoin en eau. Elles fréquentent activement les mares, surtout par temps chaud, notamment pour l’élevage des larves et la thermorégulation de la ruche. Les besoins annuels d’une colonie avoisinent les 10 litres d’eau. Les abeilles recherchent des eaux stagnantes, contenant notamment des substances végétales en décomposition (matières azotées) et des sels minéraux.

La boue ne sert pas que pour notre peau !

Chez les oiseaux, l’hirondelle rustique, par exemple, affectionne particulièrement les milieux humides. Pour construire son nid en forme de demi-coupelle, la matière première qu’elle collecte est la boue qu’elle trouve aux bords des mares et autres dépressions humides. Cette boue lui permet de lier brindilles et herbes sèches. Elle s’abreuve aussi en vol, à la surface des points d’eau et se nourrit essentiellement d’insectes volants qu’elle trouve notamment au-dessus des mares et étangs. De nombreux insectes ayant besoin de milieux humides pour se reproduire, s’y trouvent en plus grande quantité. L’hirondelle est une grande consommatrice de mouches, moucherons, moustiques, pucerons, taons mais également de coléoptères, papillons…

Ce serait dommage de se priver d’aussi redoutables prédateurs…

Vous avez certainement observé des libellules à proximité des mares, mais savez-vous pourquoi ? En fait leurs larves sont exclusivement aquatiques. Elles se camouflent dans le fond de la mare où elles attrapent leurs proies : larves d’insectes, vers, petits crustacés et jeunes têtards peuvent être au menu. Elles ont besoin de 1 à 5 ans selon les espèces pour se développer. Pour devenir libellules, les larves doivent se fixer sur les herbes hautes des berges, sans quoi elles ne peuvent pas effectuer leur dernière transformation.
La libellule quant à elle, vit d’une à quelques semaines et se nourrit d’insectes volants. Comme l’hirondelle rustique, elle est assez vorace et ses capacités exceptionnelles de vols laissent peu de place à l’échec lors de la chasse ; Les libellules sont donc être très utiles pour réguler certaines espèces indésirables comme les pucerons ailés ou les moustiques. Une mare de taille moyenne (15-20 m²) peut donner « naissance » à des centaines de libellules …

D’autres espèces côtoient également les mares. Vous avez certainement rencontré ce petit crapaud, qu’on appelle crapaud accoucheur. Le mâle aide la femelle à pondre ses œufs en lui massant le ventre, d’où son nom ! Après expulsion des cordons d’œufs, il les enroule autour de ses pattes arrières et les garde sur lui jusqu’à éclosion des têtards. Il ne passe pas tout son temps dans le milieu aquatique mais il a besoin d’un point d’eau à proximité pour humidifier ses œufs, sans quoi ils se dessèchent Les têtards passent ensuite quelque temps dans la mare jusqu’à leur métamorphose. Le crapaud est un insectivore mais il mange également des invertébrés comme les limaces et les escargots.

Mais attention pas n’importe quelle mare !

Pour qu’une mare attire une grande diversité d’espèces et notamment celles qui peuvent vous être utiles, un équilibre écologique doit être créé : elle doit être suffisamment végétalisée (à la fois sur ses berges mais aussi dans l’eau), certaines berges doivent avoir une faible pente, elle doit être maintenue ouverte pour garantir un ensoleillement suffisant (limiter le développement des arbres ou arbustes) et elle doit être exempte de poissons et d’écrevisses (car ils mangent les œufs, les têtards, les larves…). Elle peut servir à abreuver le bétail, mais dans ce cas, ne rendez accessible que la partie abreuvoir pour éviter le piétinement des berges et le « salissement » de l’eau.